L’ARTART
Théophile Gautiertrans. Stan Solomons
Oui, l’oeuvre sort plus belle
D’une forme au travail
……….Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.

Point de contraintes fausses!
Mais que pour marcher droit
……….Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.

Fi du rythme commode,
Comme un soulier trop grand
……….Du mode
Que tout pied quitte et prend!

Statuaire, repousse
L’argile que pétrit 
……….Le pouce
Quand flotte ailleurs l’esprit.

Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur 
……….Et rare,
Gardiens du contour pur;

Emprunte à Syracuse
Son bronze ou fermement
……….S’accuse
Le trait fier et charmant.

D’une main délicate
Poursuis dans un filon
……….D’agate
Le profil d’Apollon.

Peintre fuis l’aquarelle,
Et fixe la couleur
……….Trop frêle
Au four de l’émailleur.

Fais des sirènes bleues,
Tordant de cent façons
……….Leurs queues,
Les monstres des blasons;

Dans son nimbe trilobe
La Vierge et son Jésus,
……….Le globe
Avec la croix dessus.

Tout passe. – L’art robuste
Seul à l’éternité,
……….Le buste
Survit à la cité.

Et la médaille austère
Que trouve un laboureur
……….Sous terre
Révèle un empereur.

Les dieux eux-mêmes meurent,
Mais les vers souverains
……….Demeurent
Plus forts que les airains.

Sculpte, lime, cisèle;
Que ton rêve flottant
……….Se scelle
Dans le bloc résistant!
Beauty and Art emerge
From Form averse,
Obdurate, monolith:
Marble or onyx.

No false constraint,
Walk straight and true
Wearing the actor’s paint
And narrow shoe.

Away with facile stress!
Fashionable dress
That sloven fits
For all to use and quit.

Sculptor beware!
Soft clay becomes
Merely the unskilled thumb.
The mind’s elsewhere.

Wrestle and strive in stone,
In Paros fine.
Marble alone
Keeps pure line.

Borrow the sounding brass
Of Syracuse. Incise,
Proud and precise,
Features and fronds.

Unerring, delicate,
In agate chase,
With guile,
Apollo’s profile.

Abandon aquarelle!
Capture the colour,
Subtle, frail,
In seared enamel.

Fashion the bluest sirens
That writhe and flail
Their tail.
Heraldic beasts and omens.

In threefold Glory,
Virgin and Child and Globe,
The Trinity,
With Cross above.

Amid decay, alone,
Pure Art survives.
And marble thrones
Cities outlive.

The coin austere,
Hidden and secular,
Flushed by the ploughshare,
Reveals an emperor.

Even the Gods may die,
But poems still
Endure and stay,
Stronger than steel.

Chisel and sculpt and ream,
So may your drifting dream
Seal and lock
Into the solid rock!

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

PASTELPASTEL
Théophile Gautiertrans. Stan Solomons
J’aime à vous voir en vos cadres ovales, 
Portraits jaunis des belles du vieux temps,
Tenant en main des roses un peu pâles, 
Comme il convient à des fleurs de cent ans.

Le vent d’hiver, en vous touchant la joue
A fait mourir vos oeillets et vos lis, 
Vous n’avez plus que des mouches de boue
Et sur les quais vous gisez tout salis. 

Il est passé, le doux règne des belles; 
La Parabère avec la Pompadour 
Ne trouveraient que des sujets rebelles, 
Et sous leur tombe est enterré l’amour. 

Vous, cependant, vieux portraits qu’on oublie,
Vous respirez vos bouquets sans parfums, 
Et souriez avec mélancolie 
Au souvenir de vos galants défunts. 
I gaze upon you in your golden frame
Yellowing beauty of a former time 
With bouquet now grown pale and sere
Befitting blossoms of a hundred years

The winter wind has touched your lovely face
Smitten to death the waxen lily.
Mud serves instead of beauty spots, alas
And on the quayside in the dirt you lie.

Long years ago was tender tyranny
Of such as Madame Pompadour.
But men are no more slaves to beauty
Beneath the tomb moulders l’amour

Your image slowly fades away
And brittle blooms perfume bereft 
Yet you still smile with melancholy
At all your gallants who are dead

Trans. copyright © Stan Solomons 2005

NOËLNOEL
Théophile Gautiertrans. Stan Solomons
Le ciel est noir, la terre est blanche;
– Cloches, carillonnez gaîment!
Jésus est né – la Vierge penche
Sur lui son visage charmant.

Pas de courtines festonnées
Pour préserver l’enfant du froid;
Rien que les toiles d’araignées
Qui pendent des poutres du toit.

Il tremble sur la paille fraîche,
Ce cher petit enfant Jésus,
Et pour l’échauffer dans sa crèche
L’âne et le boeuf soufflent dessus.

La neige au chaume coud ses franges,
Mais sur le toit s’ouvre le ciel
Et, tout en blanc, le choeur des anges
Chante aux bergers: “Noël! Noël!”
The sky is dark, the earth is white.
O Bells ring out with joy
Jesus is born, the Virgin quiet
Shelters her baby boy.
No wraps, no festooned curtains spread
To shield the babe from frost;
Nothing but flimsy spider webs
Trail from the beams aloft.
He shivers in that cold stable,
This Jesus child so dear,
And so to warm him in the cradle
The ass and ox draw near.
The snow hangs down in lacy fringe,
But, far above, the Heavens swell,
Reveal the angel choir that sings
To men: “Noel! Noel!”

Trans. copyright © Stan Solomons 2006

Video of setting by D W Solomons for guitar and alto